Déclaration de République et Socialisme

à propos des futures élections législatives en Turquie

République et Socialisme tient d’abord à rappeler sa volonté de respecter le choix de tous les peuples et de ne pas plaquer sur la Turquie des schémas de pensée extérieurs à ce pays. Cependant, pour République et Socialisme, l’aspiration à plus de bien-être, à plus de sécurité, aux droits à l’éducation, à la liberté de penser, à la réelle égalité en droits des êtres humains, à la souveraineté populaire… est la même pour tous les peuples.

C’est en ce sens que les futures élections législatives en Turquie ne peuvent laisser indifférents les militants de gauche. 

-Après les déclarations d’Obama, exigeant, on se demande au nom de quelle légitimité, l’entrée de la Turquie dans l’espace européen,

-avec l’annonce d’Erdogan de rendre légalement le régime turc encore plus autoritaire par la révision de la Constitution dans le but d’instaurer un régime présidentiel et de mettre au pas le pouvoir judiciaire,

-au moment où l’est de la Turquie est sous la menace de Daesh, vaillamment repoussée à ce jour par les forces combattantes kurdes,en dépit de l'étrange passivité de l'armée turque,

mais aussi,

-après l’espoir suscité en Turquie par le succès de Syriza dans la Grèce voisine, la Turquie va connaitre, en juin 2015, des élections législatives importantes pour son avenir.

La défaite d’Erdogan doit être le principal objectif de tout progressiste et, c’est le sens, selon nous, que le Front de Gauche doit donner à toute manifestation de solidarité partidaire vis-à-vis des forces politiques turques.

Depuis que l’AKP est au pouvoir en Turquie :

-tous les services publics sont mis à mal et toutes les entreprises publiques sont privatisées avec leur cortège d’atteintes aux droits des salariés ; Erdogan est acquis à l’ultra-libéralisme économique ;

-la laïcité est remise en cause et le pouvoir s’en prend violemment aux droits des femmes allant jusqu’à affirmer publiquement leur non-égalité avec les hommes ;

-les négociations pour une solution pacifique et politique de la question kurde sont entravées ;

-toute forme de contestation du gouvernement et de ses choix économiques, sociaux et sociétaux, et en particulier le mouvement Gezi en juin 2014, est sévèrement réprimée.

Or, depuis les 15 ans de pouvoir d’Erdogan, la gauche turque est en mauvais état, partagée entre plusieurs partis dont certains ont perdu du crédit tandis que d’autres peinent à s’ancrer dans la population, laquelle choisit plutôt, pour exprimer son opposition à l’AKP, des mobilisations populaires telles que celle du printemps dernier.

Le parti républicain du peuple (CHP), parti kémaliste et traditionnellement classé comme social-démocrate, actuellement principale force d’opposition, s’était coupé des franges qui constituaient son électorat dans les années 70 : les « élites » modernistes des villes, les ouvriers et les populations défavorisées des zones rurales, et ce, d’une part par son abandon progressif de la promotion de la laïcité et son étrange alliance avec le MHP, un parti « islamo-turc » et d’autre part, son peu d’attention aux revendications sociales.

La nouveauté réside dans l’émergence électorale possible du parti démocrate du peuple (HDP) qui a quelques chances d’atteindre les 10% nécessaires pour être représenté au Parlement turc. Il est pour cela nécessaire que l’HDP dépasse son image de parti pro-kurde et obtienne une reconnaissance nationale. Dans ce jeu électoral peu démocratique, l’échec de ce pari ferait le jeu de l’AKP.

Il est à noter que ces 2 partis de gauche (les autres sont trop petits pour jouer un rôle électoral significatif) ont, tous les 2, salué avec force la victoire de Syriza en Grèce.

En ce sens, il nous semble que les militants de gauche en France, et le FdG, doivent soutenir les forces démocratiques turques –et en particulier l’émergence de HDP sur la scène électorale en le recevant à Paris- en ne se cachant pas qu’il faudra avant tout agir pour chasser Erdogan du pouvoir.

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