Réunion nationale de l’appel  « Reconstruire la gauche, » 

Intervention de lucien Jallamion lors du débat de la 1ère Rencontre Nationale de reconstruire la gauche.

Republique et Socialisme était représenté par Lucien jallamion SG, Patrice Siard SGA, Jean Baptiste Bouis SN, Philippe Reig et Mouloud Alel de R&S Paris

lucien Jallamion SG de R&S et JF Pelissier de Ensemble

Intervention de lucien Jallamion

Rencontre de GDS le samedi 20 janvier 2018

Cher-e-s camarades,

Je voudrais commencer par remercier la Gauche Démocratique et Sociale, de son initiative et de son invitation.

Nous sommes nombreux –on le voit par les interventions diverses aujourd’hui- à partager cette analyse que la gauche est dans son ensemble, dans un sale état et qu’il va bien falloir qu’on s’attèle, ensemble, à la reconstruire.

Je parle de la gauche et permettez-moi d’évacuer tout de suite cette partie de la gauche soumise au dogme du libéralisme économique souvent au nom de l'Europe et ayant renoncé à tout combat pour le progrès social. Elle ne peut pas prétendre entrer dans le champ de la reconstruction si elle n’accepte pas de faire un bilan de l’action qu’elle a soutenue dans des alternances avec la droite à la tête de ce pays. D’ailleurs cette pseudo-gauche se revendique de moins en moins de l’appellation de gauche et c’est très bien ainsi : cela éclaircit le paysage. D’autre part, elle a été durement sanctionnée par de nombreux militants et sympathisants de gauche. Et cela vient de loin, promesses non tenues, augmentation du chômage, hausse des inégalités, précarité accrue, etc…

Pour ce qui est de l’électorat, c’est plus complexe et nous aurons l’occasion d’y revenir.

 

Pour l’instant donc, notre pays et notre peuple subissent la politique menée par le gouvernement Macron-Philippe : régression sociale d’une ampleur redoublée qui se met « en marche arrière et à marche forcée » ce qui va encore plus alimenter  le discours populiste du FN.

Constatons honnêtement –car il faudra bien se demander pourquoi afin de pouvoir y remédier- que la mobilisation sociale n’est pas à la hauteur pour le faire reculer. Bien sûr, nous soutiendrons toute action que les syndicats, les salarié-e-s, les jeunes, ainsi que des personnalités, des juristes en droit du travail, des universitaires, des associations, pourraient mener. République et Socialisme participera à toutes les initiatives qui permettront au monde du travail de continuer à se battre pour sauvegarder nos services publics, notre sécurité sociale, notre code du travail, nos conditions de travail et notre environnement. Mais la question de la globalisation des luttes et de l’unité d’action reste posée.

Alors, à quelle situation avons-nous à faire ?

D’abord et comme je l’ai déjà dit les représentants de la finance, du patronat et des riches règnent en maitres.

Reculs terribles sur les droits au travail, sur la sécurité sociale, sur les droits démocratiques. 2018 commence mal et s’annonce pire. Un avenir très sombre pour le pouvoir d’achat, pour l’emploi, comme pour les conditions d’emploi. Avec la mise en œuvre des ordonnances, les 1ères entreprises s’adonnent aux « ruptures conventionnelles » Avenir très sombre aussi pour les services publics avec le  dispositif « CAP 22 », et l’asphyxie budgétaire organisée. Dans la santé, ce ne sont que fermetures d’hôpitaux ou de services, et restrictions d’effectifs… alors que, déjà, le service public hospitalier ne répond plus aux besoins.

Et ce n’est pas que la santé : transports, poste, éducation, culture et loisirs : tout y passe, tout ce qui constitue le socle commun de l’égalité des droits et du « vivre ensemble ».

Les vœux de Macron sont révélateurs à la fois du mépris pour le peuple et de sa volonté, non seulement de le tromper mais de le manœuvrer. Entre grandiloquence (n’oubliez pas que vous êtes la nation française, ose-t-il dire), « gentille bienveillance » toute empreinte de duplicité et appel à un consensus masque de la résignation, ce ne sont que pièges qui sont tendus aux Français pour leur faire avaler toutes les régressions sociales à l’œuvre ou en marche.

La Gauche peut-elle trouver un nouveau souffle ?

Une aspiration au mieux vivre perdure et est sans doute majoritaire dans le pays. Mais elle peine à se faire entendre car les forces de gauche qui devraient la porter sont émiettées.

Nous avons créé notre formation, République et Socialisme, en 2009, dans la volonté de remettre au cœur un espoir de changement et le refus de la soumission au « on ne peut pas faire autrement » que portait une grande partie de la gauche. C'est la raison de notre démarche autonome. Pour autant, dès le départ, nous avons voulu nous inscrire dans une perspective de rassemblement de la gauche –c’est la raison de notre participation au Front de gauche qui offrait alors une perspective intéressante et crédible-,  nous voulons toujours aujourd’hui contribuer à un véritable rassemblement de l’ensemble des forces de gauche. Nous renforcerons et développerons nos liens avec tous ceux qui, à gauche, sont dans le même état d’esprit et dans la perspective de créer une véritable force de propositions et de progrès.

Pour nous en premier lieu il s'agit de définir les perspectives d'une action commune de toutes les forces capables d'oeuvrer pour un profond changement social, dans la perspective de la République sociale.

Notre objectif est à la fois de reconstruire la gauche et d’organiser la Résistance Sociale pour la République Sociale.

Cela implique de travailler sur un double front : celui du mouvement social et celui de l’organisation politique.

Et sur un 3ème front peut-être qui consisterait à ce que les 2 premiers ne s’ignorent pas ! Ce que nous faisons ensemble avec Passerelle, la Convergence des Services Publics et  Résistance Sociale.

L'impératif qui demeure est de reconstruire la gauche et de participer à la mobilisation des forces sociales avec toutes celles et tous ceux qui le souhaitent, sans fanfaronnade ni sectarisme. La victoire du candidat de la finance, Emmanuel Macron, nous impose, au-delà de la nécessaire unité de forces de progrès, de mettre en place la résistance pour défendre notre modèle social.

Or nous constatons aujourd’hui que les luttes syndicales sont très nombreuses dans notre pays. Mais qu’elles sont sporadiques, rarement « exportées » et encore plus rarement victorieuses. Si elles le sont, c’est la plupart du temps en défense d’un acquis pas d’une conquête sociale.

Il nous faut réfléchir à ce constat que les grèves entrainent bien peu de salariés dans la lutte : pourquoi ? Ils n’y croient pas ? Ils ont peur pour leur emploi ? Ils ont été tellement de fois trompés par une fausse alternance politique qu’ils se sont résignés ? En tous cas, il est nécessaire que nous ayons une véritable réflexion sur le sujet, car à République et Socialisme, nous sommes de ceux qui croient que sans réelle vitalité du mouvement social, la gauche ne se relèvera pas.

Le 2ème axe, à mener en parallèle,  est de s’atteler de façon volontariste, pluraliste à la convergence et au rassemblement de toutes les forces en mesure de vaincre la politique actuelle et de proposer une alternative.

Il nous faut pour cela travailler avec tous ceux qui le veulent dans la mesure où elles réfutent le modèle socio-libéral. Les composantes de la gauche sont multiples. République et Socialisme est l’une des forces de la gauche sociale, républicaine, laïque et féministe.

Mais nous respectons les diversités qui s’expriment. Avec GDS, nous avons un passé de débats et d’actions commun qui est respectueux et qui nous a permis de mieux nous connaitre et de définir ensemble des actions communes. Cette démarche, nous souhaitons non seulement la faire perdurer mais l’élargir.

Nous répondons donc positivement à votre proposition de travailler ensemble afin d’étudier les modalités de création d'une large coalition de la gauche. Il nous apparaît primordial que cette force "rose-rouge-verte" que nous appelons de nos vœux renoue avec le monde du travail et se place dans la continuité du mouvement ouvrier pour la République sociale.

Même si nos analyses entre forces de gauche sont différentes, nous devons réussir à nous mettre d'accord sur des axes principaux. Si l'alternative aux politiques d'austérité est notre socle commun, nous ne pouvons pas avoir une aspiration à la majorité sans nous adresser prioritairement aux salariés et sans nous mettre en situation d'être porteur de leur intérêt.

Nous saluons donc l’initiative de GDS qui permet de faire souffler, à nouveau, un vent d’espoir, celui de la marche vers une nouvelle unité de la gauche qui, seule, peut contribuer à faire progresser l'ensemble des valeurs pour lesquelles les uns et les autres nous nous battons.

Ici nous avons entendu de nombreuses interventions intéressantes. Je voudrais aborder brièvement la question de la structure. J’entends dire ici ou là que comme le Parti socialiste n’est plus le grand parti central de la gauche, il faut construire quelque chose de nouveau.

C’est une vraie question. Mais, au nom de République et Socialisme, je voudrais exprimer une réflexion  sur ce sujet. Nous sommes en rupture avec le PS depuis fort longtemps, je dirais, schématiquement depuis Maastricht, le ralliement au dogme libéral et la guerre du golfe ; alors la construction de quelque chose de neuf, cela nous intéresse forcément. Nous n’avons pas fondé R&S en pensant que ce serait l’alpha et l’oméga mais pour participer à la refondation d’un outil politique au service du Mouvement ouvrier.

Et la vie nous a appris qu’on construisait en apprenant à marcher ensemble.

Alors apprenons à travailler les uns avec les autres, à débattre –vraiment- au fond, à nous enrichir des apports de l’autre. Nous l’avons déjà un peu fait avec les amis de Gérard filoche dont nous avons partagé beaucoup de combats.

Elargissons !

Nous sommes disponibles pour participer à un comité de liaison et engager des actions communes, chaque composante gardant son autonomie, tout en participant ensemble à la recherche de positions qui nous rassemblent sans sectarisme dans l’unité la plus large avec pour seule condition à nos yeux : la fidélité aux intérêts du monde salarial.

Mes camarades, retroussons les manches et au boulot !